Le nourrissement

Le nourrissement est un terme propre à l’apiculture. Il s’agit de nourrir les abeilles avec des aliments qui apportent des nutriments importants pour la colonie. Parmi les techniques apicoles, le nourrissement demande de bien comprendre les besoins des abeilles pour donner les résultats espérés.

Pourquoi nourrir les abeilles ?

Les abeilles sont présentes sur Terre depuis un million d’années. Et jusqu’à récemment elles n’avaient pas fait l’objet d’élevage. On peut donc se poser la question de l’utilité de nourrir des insectes qui sont capables de parcourir des kilomètres pour trouver du nectar, du miellat et du pollen et ainsi nourrir leurs congénères et le couvain.

Dans la nature, les abeilles ne bénéficient pas de soins, mais ne sont pas non plus – en principe – délestées de leurs provisions de miel. Lorsque les abeilles sont gardées dans des ruches, beaucoup de choses changes pour elles. L’apiculteur leur fourni un habitat, la ruche. Mais il prélève aussi plusieurs kilogrammes de miel. Les équilibres sont modifiés et la survie des colonies d’abeilles dépend alors des bons soins de l’apiculteur.

De plus rappelons que les conditions que connaissent les abeilles sauvages sont parfois rudes. De nombreuses colonies ne survivent pas à leur premier hiver. Alors qu’en apiculture l’objectif est de permettre la survie à long terme des colonies. Pour résumer, l’apiculture conventionnelle – que l’on pratique avec des ruches à cadres – n’est pas la nature. Et l’apiculteur se doit d’intervenir au minimum. Néanmoins, il existe plusieurs degrés d’interventionnisme.

Quels sont les aliments du nourrissement ?

Les abeilles ont besoin de nutriments pour survivre. Les nutriments sont les glucides (les sucres), les lipides, les protéines, les vitamines, les sels minéraux et l’eau. Ces nutriments sont indispensables pour que les larves se développent et grossissent. Mais aussi pour que les abeilles adultes se déplacent et maintiennent la température du nid stable.

Le nourrissement consiste à apporter des nutriments que les abeilles sont capables de digérer. Il faut donc bien connaître la biologie de ces insectes.

En apiculture, le nourrissement le plus commun est l’apport de sucres, les glucides. Ces sucres sont apportés à la colonie sous la forme de sirop ou bien de pain de sucre. Mais certains professionnels apportent aussi des protéines sous la forme de pâtes protéinées.

Le sirop

Le sirop contient du glucose, du fructose et du saccharose. Ces trois sucres sont présents dans le nectar des fleurs. Certains sirops sont issus de la transformation d’amidon. Ils contiennent alors du maltose, qui lui est moins digeste. Les sirops les plus intéressants sont issus du traitement de la betterave sucrière.

Le sirop est distribué aux colonies dans un nourrisseur. Les abeilles viennent alors prélever le liquide sucré pour s’alimenter, mais s’il y a un surplus elles vont le transformer en miel.

Le candi

Le candi est un pain de sucre qui contient seulement 15% d’eau. Il est donc proche du miel et vient jouer le même rôle pour la colonie. On place les pains de sucre dans les nourrisseurs ou bien directement au dessus des cadres.

Le miel

Il est bien entendu possible de nourrir ses colonies avec du miel. Cet aliment est d’ailleurs le plus adapté. L’apiculteur devra alors prélever des rayons de ces ruches et les stocker pour les replacer éventuellement en fin de saison dans les colonies qui en ont le plus besoin.

Toutefois, il ne faut pas introduire de miel en provenance d’un autre rucher ou du miel acheté en grande surface. Ces produits – même ceux produits en France – peuvent contenir des agents pathogènes. C’est le cas en particulier des spores de la bactérie qui cause la loque américaine.

Les pâtes protéinées

Les pâtes protéinées sont préparées à base de farine de soja ou de levure de bière. D’autres produits riches en protéines peuvent aussi entrer dans leur fabrication. Mais c’est le coût des matières premières qui oriente les choix des industriels.

Les pâtes protéinées apportent aussi bien des protéines que des acides aminés. Les abeilles peuvent ainsi trouver des nutriments essentiels qui s’ils sont absents provoquent des carences.

Ces apports ne sont pas nécessaires pour la plupart des apiculteurs amateurs. Car les petits ruchers ne surexploitent pas les ressources de l’aire de butinage. Cela n’est pas la même chose lorsqu’il s’agit de ruchers qui comptent plusieurs centaines de ruches.

Le nourrissement avec des pâtes protéinées peut être intéressant lorsqu’il s’agit d’élever des reines en quantité. Les ruches éleveuses doivent comporter une forte population de jeunes ouvrières pour prendre en charge en même temps plusieurs dizaines de cellules royales. Et ces nourrices ont besoin d’une bonne alimentation pour produire de la gelée royale en quantité suffisante.

Quels sont les différents types de nourrissement ?

Le nourrissement spéculatif

Ce nourrissement à pour but de stimuler la ponte de la reine afin d’obtenir suffisamment d’ouvrières pour exploiter une miellée. Il faut donc débuter le nourrissement 40 jours avant la floraison. Cette durée correspond au temps qui dépare le stade oeuf de celui d’ouvrière apte à butiner.

Le nourrissement spéculatif se base sur des distributions régulière de sirop dilué à moitié. On parle alors de sirop 50/50. Les quantités sont faibles pour ne pas provoquer de stockage sous forme de miel. Il s’agit seulement de nourrir la colonie.

Le nourrissement de disette

Durant la saison apicole, on peut assister à des périodes avec peu de floraisons. C’est surtout le cas dans des régions agricoles où de grandes surfaces sont occupées par quelques espèces seulement. Ainsi entre la floraison du colza et celle du tournesol, les colonies sédentaires peuvent manquer de nourriture. L’apiculteur va alors donner du sirop pour éviter que les colonies aient faim. Mais aussi pour maintenir la ponte de la reine afin de profiter de la prochaine miellée. Car lorsqu’il y a une disette la ponte diminue.

Le nourrissement pour stimuler la production de cire

La cire est un lipide produit par les glandes cirières des ouvrières. Elle demande des nutriments en quantité et plus particulièrement des glucides. Il faut donc apporter du sirop 50/50 pour stimuler la production de cire.

Ceci est particulièrement indiqué pour les nouveaux essaims qui doivent bâtir plusieurs rayons pour que la reine puisse pondre et que la colonie emmagasine des provisions pour l’hiver.

Le nourrissement pour préparer l’hivernage

L’hivernage se prépare dès la fin de l’été. Pour des colonies qui ont subit d’importantes récoltes de miel, il est nécessaire de restaurer les provisions en donnant de grandes quantités de sirop non dilué – on parle de sirop lourd – que les ouvrières vont transformer et stocker dans les rayons de cire.

Une colonie va recevoir plusieurs apports de 2 kilogrammes de sirop lourd. Une seule colonie peut ainsi traiter 10 à 15 kilogrammes de sirop entre août et octobre.

Le nourrissement durant l’hiver

En hiver, les abeilles sont peu actives. Dans les régions les plus froides, les abeilles peuvent rester dans leur nid plusieurs semaines ou mois. Pour ce protéger des températures basses, elles forment une grappe et produisent de la chaleur. Elles ont donc besoin de miel pour résister. Une disette est alors mortelle.

L’apiculteur va évaluer les quantités de réserve d’une colonie en la soupesant. Si la ruche est trop légère, il faut lui donner un ou deux pains de sucre. Les abeilles peuvent alors s’en nourrir.

Ce nourrissement hivernal peut se prolonger durant le printemps si les conditions météorologiques ne sont pas bonnes. Il est très important de s’assurer que la colonie dispose de suffisamment de nourriture au printemps, car ses dépenses en énergie sont importantes. La reine a repris sa ponte et les ouvrières doivent maintenir une température de 35°C à proximité du couvain.